Les larmes du Crocodile

Un projet autour des violences conjugales et intra familiales pour sensibiliser aux mécanismes de la violence et oeuvrer à la lutte pour l'égalité entre les femmes et les hommes.
Il se décline en trois volets : un monologue qui dévoile l'intériorité d'un - puisqu'il s'agit ici d'un homme - auteur de violences, des ateliers de clown et d'écriture à destination à la fois des victimes et des auteur.e.s de violences, enfin une restitution de ces productions sous forme de lectures publiques.
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Les violences conjugales et, plus largement l'ensemble des violences sexistes, révèlent une profonde contradiction sociétale. D’un côté, notre société patriarcale pensée et faite par et pour les hommes valorise les comportements de force, de contrôle et de recherche de puissance. Elle fabrique des crocodiles, mâles dominants, prêts à tout pour conserver leurs prérogatives et leur pouvoir. D’un autre côté, cette même société entend condamner avec la plus grande fermeté ceux qui en usent.
Une dichotomie qui laisse finalement peu de place à la nuance et à la réflexion. Car s'il est légitime de condamner la violence, il est tout aussi légitime de chercher à comprendre ce qui fait violence et comment agir pour l'éradiquer. Et, force est de constater que la tache à accomplir, en matière de prévention et de traitement des violences, qu’elles soient subies ou actées, ou bien même qu'on en soit témoin (c'est le cas des enfants notamment), est colossale.
Traiter des violences conjugales, c'est évidemment questionner nos représentations et notre héritage sociétal. Mais c'est aussi s'interroger sur les raisons qui poussent un être à recourir à la violence et sur les stratégies qu'il met en œuvre pour asseoir sa domination. Manipulation, emprise et déstabilisation, paraissent autant de moyens d'y parvenir, mais quand et comment s'initie le cycle de la violence ? La souffrance, par exemple, n'en est-elle pas un des obscurs ressorts ? Si l'auteur de violences conjugales, tel un prédateur, ne semble capable d'aucune intelligence émotionnelle, comment parvient-il alors à retenir sa proie captive ? Car en effet, c'est toujours loin des regards indiscrets, dans l'intimité pesante du foyer, que se télescopent ses multiples facettes, là que le masque tombe, comme roule la larme du crocodile.
Ce projet est né de la volonté croisée d'un travailleur social, et d'une comédienne de collaborer à un projet culturel protéiforme dédié à la violence dite conjugale, et plus largement à la violence intra familiale. Tous deux étant, de près ou de loin, par leur pratiques respectives, familiers de cette problématique, leur collaboration est apparue comme une évidence.
Fort d'une proximité régulière avec les publics concernés, Éric Leclerc apporte son expertise socio-psychologique, et invente un personnage haut en couleurs: le protagoniste du monologue qui donnera son titre au projet. Sonia Rostagni, en tant que comédienne, a elle, interprété pendant 3 ans le rôle d'une femme en proie aux violences psychologiques au sein du couple, et mené des ateliers auprès de victimes de violences conjugales. C'est par le biais de sa structure, la compagnie Les Clémence, qu'elle porte le monologue et grâce à son réseau qu'elle mobilise et fédère les différents intervenants autour du projet.
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Cette collaboration s'inscrit plus largement dans une démarche commune de lutte pour l'égalité femmes-hommes, et la volonté de déconstruire les représentations pour faire évoluer les rapports de genre. Elle a l’ambition de proposer des outils contribuant à la mise en œuvre des objectifs du Grenelle contre les violences conjugales de 2019 en complément des dispositifs déjà existants de prévention et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, et leur récidive. Elle rejoint, dans cette entreprise, celle de différents acteurs (Service pénitentiaire d'insertion et de probation 35 et 56, association La Sauvegarde 56, entre autres) qui oeuvrent au renforcement des moyens de prise en charge des auteurs de ces violences, l’une des mesures-phares de ce grenelle.
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Le projet s'articule autour de trois axes : sensibilisation, prévention et information. Il s'agira de repérer les enjeux des violences intra familiales, de prévenir le sexisme et les violences faites aux femmes enfin, d'informer les citoyen.ne.s sur cette problématique complexe et les outils qui existent pour agir.
Des ateliers à destination à la fois des auteurs et des victimes de violences comme outil de prévention de la récidive et des conduites dissociantes et comme outil d'éveil de l'estime de soi et de reconstruction.
Les auteurs de violences conjugales en Maison d’arrêt ou suivis par le Service de Probations et d’Insertion Professionnelle (SPIP).
Parmi les différents profils d'auteurs de violences, le plus répandu correspond à un type d'individus impulsifs, mais capable de prendre conscience de la portée de leurs actes. C'est donc à eux que s'adressent nos actions car ils sont accessibles à un travail de fond.
Les victimes de violences conjugales suivies par les Centres Départementaux d’Action Sociale (CDAS).
En parallèle de l’accompagnement proposé par les CDAS, les victimes peuvent bénéficier d’actions socioculturelles pour entamer un processus de reconstruction. Le bénéfice de ces interventions n'est plus à prouver.
Une sélection des productions issues des ateliers donnera lieu à des lectures croisées proposées par un comédien et une comédienne. Un moyen d'informer sur les enjeux des violences conjugales en confrontant la parole des victimes à celle des auteurs et tenter de comprendre comment s'initie le cycle de la violence.
- Le professeur Basile Magiste Mulière, spécialisé dans l'étude comparative des comportements sociaux et amoureux chez l’homme et le crocodile, est l'inventeur de la psycho-anthropomorphie comparative. Il propose une conférence au cours de laquelle il se raconte et se révèle un redoutable prédateur. -
Un outil de sensibilisation à la question des violences sexistes et intra familiales à destination du tout public. Pénétrer l'intériorité d'un auteur de violences conjugales pour repérer les enjeux de ces violences au sein de la cellule familiale en en décortiquant les mécanismes et les stratégies.
La représentation sera suivie d’un échange avec le public, d’une table ronde (ou autre format) animée par différents intervenants comme des professionnel·le·s du département (psychologue, conseiller·e conjugal·e et familial·e), ainsi que des avocats du Barreau de Rennes.
Une forme légère et autonome dont la diffusion pourra se faire aussi bien dans les centres culturels, centres sociaux, maisons de quartier et médiathèques que dans les écoles d’assistants sociaux, d’infirmières, ou auprès des étudiants en médecine, lors de colloques ou conférences. Nous travaillons également à la mise en place de représentations au sein des maisons d'arrêt et établissements pour peine de Bretagne. Enfin, il est également destiné à pouvoir se jouer chez l’habitant.